Un libertin est un néophyte de l’indépendance des croyances, qui se permet de s’écarter des normes culturelles, intellectuelles, morales ou sexuelles de son époque (pouvant alors se rapprocher, suivant les perspectives, de l’hédonisme ou de l’immoralisme). De plus à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, il est souvent affecté à une signification vulgaire de libertin de mœurs qui laisse ses désirs le guider en dehors du mariage, et même au sexe en groupe, contre la morale de son époque
Le libertinage durant la Préhistoire
Si l’australopithèque est un vrai Dom Juan, la donne à changer depuis Homo sapiens,. En effet, des recherches sur des fossiles de phalanges ont prouvé que le taux de testostérone de nos ascendants les plus lointains était beaucoup plus grand que les hommes de notre époque, et que les habitudes qui en ressortaient étaient une sexualité primitive et agressive. L’Homo sapiens à l’inverse se veut plus romantique (à partir de 40 000 ans avant notre ère).
On peut déjà parler monogamie en étudiant leur alimentation. Leurs modes de vie et la chasse demandent tant de ressources qu’avoir plusieurs femmes et enfants se révèlent être une mission impossible. Le début de l’agriculture et de l’élevage depuis l’an 10 000 avant Jésus-Christ a bien failli faire disparaitre le principe du couple, car la nourriture y était abondantes, mais ce fut sans compter le principe de propriété, plus importante sur les terres que l’on cultive et que l’on ne veut pas partager avec le premier venu, cela s’étend à sa viande, son blé et surtout : sa femme !
Le libertinage pendant L’Antiquité
Durant l’antiquité, les recherches scientifiques nous font dire qu’un homme nouvellement marié à l’obligation d’arrêter les relations sexuelles hors couple durant une certaine période où il devra se concentrer sur son épouse pour créer un foyer.
Certains stoïciens soutiennent la thèse que la loyauté conjugale est aussi bien une valeur pour les hommes que pour les femmes. Cependant, d’un point de vue légal, un homme n’a pas commis d’adultère si son amante est vue comme sexuellement convenable, C’est-à-dire que ce qui conditionne s’il y a eu adultère ou non est le statut de l’amante. Dans le théâtre de Plaute, la liberté sexuelle des hommes est d’ailleurs moqué : “Personne n’interdit à personne de descendre sur la voie publique (publica via) ; tant que vous ne violez pas de propriété (en), tant que vous restez éloignés des épouses, des femmes célibataires, des jeunes filles, des jeunes garçons libres, aimez qui vous voulez”
Une femme pouvant se marie ou étant marié, ou un homme citoyen sont hors limites, c’est-à-dire qu’ils sont comme un bien privé. L’adultère n’en est pas un quand il est effectué sur des prostituées et des esclaves, mais quand il est effectué sur des femmes et des filles non mariées, car ce ne sont pas des partenaires acceptables et il est puni par la loi dès que la femme est marié, puisqu’à l’encontre des droits de père de familles à contrôler sa famille. Pour les femmes, l’infidélité n’est pas autorisée et les filles doivent être vierge pour le mariage. Le mari a le droit de vie ou de mort sur sa conjointe s’il constate une infidélité. Plus tard il ne sera plus criminel, mais se jugera dans les affaires privées de la famille. L’adultère permettra uniquement de justifier un divorce
Le libertinage au Moyen-Age
On voit apparaître durant le moyen-age le mot “libertini”, dérivé de l’adjectif Libertinus, qui vient lui-même du latin libertinus qui signifie “libre de l’esclavage “. Au Moyen Âge le mot est utilisé pour parler des « goliards », des anciens moines qui ont arrêté et céder à la tentation. Ils ne respectent plus les règles de l’église qui les accusent d’avoir une vie de débauche Pour Joachim de Fiore, la vie de l’homme est naturel et les instincts sont aussi naturels, en ce sens les désires ne doivent pas être retenu et ce serait un péché que de se comporter en fonction des pressions naturelles dû aux frustrations du manque de satisfaction physique, car elle est la perfection divine.
Enfin, depuis le Moyen Âge puis jusqu’à la fin du 18ᵉ siècle, la fête de la Saint-Valentin consistait en une foire sentimentale et le sociologue Serge Chaumier nous explique d’ailleurs : « Quand il était coutumier de se marier en raison des intérêts de la famille, la Saint-Valentin accordait aux épouses, un espace ponctuel de liberté, où les règles pouvaient être transgressées.”
Les temps modernes et le libertinage
La pensée libertine telle qu’on la connaît aujourd’hui démarre au XVIIe siècle, aux alentours de 1620, dans la cour des nobles et plutôt du côté de la jeunesse. Les premiers libertins veulent créer des scandales et ridiculisent les prédicateurs. Afin de ne pas respecter les normes de jeûne et d’abstinence, ils se rendent dans les cabarets et chantent autour de scène vulgaire. Ils possèdent un chef se nommant Théophile de Viau. Lorsque ce courant est étouffé dans la capitale, il revient à la charge dans la cour de Gaston d’Orléans, frère du roi. De la noblesse, il passe ensuite à la bourgeoisie et les riches marchands, on est ici en 1650 environ. Il cherche à faire parler de lui, ce libertinage est porté par Jacques des Barreaux, un athée intégriste qui comme le souligne Guy Patin« affecte » tous les jeunes gens de son entourage. Au Marais ils « s’emportent tous les jours dans des excès qui allaient jusques au scandale », explique Retz.
Ils inspirent Molière pour la création de son fameux Dom Juan dans l’idée, mais aussi dans des anecdotes très précises que nous connaissons, qui sont tout à fait véridiques. Des groupuscules d’athés se forment, sont reçus par les Vendôme au temple. Ils constituent en partie l’entourage de Louis XIV vers 1665. Ces habitudes ne sont pas vraiment surprenantes et pourraient nous laisser sur notre faim, ce qui est vraiment intéressant, c’est la façon dont ce libertinage s’est progressivement démocratisé dans le reste de la société. « La foi est éteinte en ce pays, au point qu’on ne trouve plus un seul jeune homme qui ne veuille être athée. » déclare la duchesse d’Orléan en 1699.
Selon le président de l’Empereur, qui était de passage en France en 1631, le catholicisme est renié par les plus aisés et les plus éduqués. Cela nous laisse penser que ces habitudes se sont étendues à toute l’aristocratie là où seuls les nobles pouvaient se le permettre en 1620. Les bourgeois, bien que plus respectueux des traditions, refuse ensuite catégoriquement de “croire” Le curé de Saint-Étienne-du-Mont, nous explique dans ses mémoires la présence de libertins qui agissent en secret. En 1666, on parle de nombreuses âmes qui feignent un attachement à l’église alors qu’elles sont “politique” c’est-à-dire qui renient les mythes et qui osent douter, qui mettent la religion ainsi que le politique sur le même plan. Elle consisterait seulement en des considérations d’ordre public selon l’auteur du Speculum christianae religionis. Au début du 18ᵉ siècles, on voit ainsi émerger les premières bribes d’un déisme du côté des aristocrates, qu’ils taisent la plupart du temps de peur des représailles de l’église
Ce siècle est en effet strict sur le plan moral, on brûle les homosexuels et la religion cultivait un idéal de vie austère, ou la rigueur était le maître mot. Le libertinage se présente ici comme une bataille contre l’Église ainsi que pour la liberté de penser. Ce combat se poursuit encore longtemps, jusqu’en 1960 certains écrivains sont poursuivis pour avoir écrit des ouvrages obscènes.
Le libertinage à l’époque contemporaine
Les années 70 marque un réel tournant grâce à la révolution sexuelle féminine ou plusieurs combats ont été gagnés comme l’accès a la contraception ou le droit a l’avortement. Aujourd’hui en France, il y aurait environ 300 000 libertins selon l’émission de radio de Michel Cymes sur ce même thème « On refait la chose ». Ce nombre est dur à définir, comme c’est le cas pour ces domaines. À notre époque le libertinage est étroitement liée à échangistes dans sa définition actuelle, c’est-à-dire des relations sexuelles entre couple
Selon le sondage publié en 2010 sur une plateforme libertine, les Français seraient 7 % à avoir déjà eu recours à l’échangiste une fois ou plus. On peut se demander s’il est démocratisé et se répand ou s’il fait juste l’objet de fantasme. Si l’on revient au début des années folles, après la première guerre mondiale, l’échangisme se développe en Amérique. En effet, dans les années 50, on voit apparaître un retour en force de l’Église qui, par sa condamnation de l’adultère, rend encore plus tabou le libertinage.
L’échangisme apparaît alors comme une solution de substitution, plus « éthique » car on ne trompe pas dans le dos de son partenaire, mais plutôt juste devant lui. Il connaît une chute avec l’apparition du Sida, mais il revient à la charge avec la création d’internet et des sites dédiés aux échangistes. Ils organisent ainsi de grande soirée secrète et ce genre de rencontre se multiplie. Ce phénomène est aussi amplifié par l’augmentation des divorces. Cependant, l’échangisme est toujours la passion d’une minorité si l’on en croit les dernières études de l’IFOP.
Aussi, il n’est pas forcément pratique régulièrement, mais de temps en temps pour raviver la femme dans les couples, tout en faisant grimper l’imaginaire et le désir collectif. En effet il semble plus facile d’en parler aujourd’hui puis est un fantasme pour beaucoup : 30 % des hommes et 16 % des femmes en couple s’avèrent prêtes à faire un plan à quatre si leur conjoint le leur demandent (pour leurs plaisirs personnels naturellement).
Vidéos sur le libertinage à travers l’histoire
D’autres articles sur le sujet :
http://www.voltaire.ox.ac.uk/publication/le-libertinage-et-lhistoire/
https://www.universalis.fr/encyclopedie/libertins/1-le-libertinage-au-xviie-siecle/
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